L’équipe d’EcoAct revient tout juste du Niger où elle travaille activement sur la mise en place du projet « les Greniers du Sahel », créé en partenariat avec ITERRae, société spécialisée dans le refroidissement radiatif et promoteur du projet.
L’existence de ce programme a été rendue possible grâce à la volonté de la société AREVA, qui a souhaité soutenir un projet de sécurité alimentaire au Niger en l’intégrant dans sa politique de neutralisation de ses émissions de gaz à effet de serre.
Au Niger, près de 70% des récoltes sont perdues faute de système de conservation…
Bien que le pays soit riche - le Niger dispose d’importantes ressources en or, fer, charbon, et uranium - il figure parmi les derniers pays de la planète en matière de développement humain (source : IDH – Indice de Développement Humain - édité par le PNUD).
L’insécurité alimentaire du pays est l’une des conséquences de la pauvreté massive des populations rurales. En effet, environ 33% de la population nigérienne (3,5 millions de personnes) serait affectée par la pénurie alimentaire. En 2005, le pays a été durement touché par la famine : 100 000 enfants ont trouvé la mort faute de nourriture.
Nous avons pu le constater lors de notre voyage sur place : le Niger manque drastiquement d’infrastructures de conservation par le froid.
Ce manque est à l’origine de pertes de récoltes considérables pour les agriculteurs locaux très pauvres. Après leurs récoltes, les producteurs n’ont que quelques semaines pour vendre leurs productions avant que le reste ne finisse par pourrir (environ 70%, selon Mustapha Kadri, Secrétaire Général de l’ANFO - Agence Nationale de la Filière Oignon- qui rassemble près de 30 000 agriculteurs).
Une idée, un partenariat
Le secteur du froid consomme de l’ordre de 15% de l’électricité produite sur le plan mondial.
Or, d’après une communication de l’IIF – Institut International du Froid – à la conférence de La Haye, le secteur du froid contribue à l’échauffement planétaire à deux niveaux :
- environ 20% de cette contribution sont dus aux émissions de frigorigènes, consécutives aux fuites des équipements frigorifiques
- environ 80% proviennent du dioxyde de carbone émis en raison de la consommation des équipements frigorifiques.
C’est notamment face à ce constat, qu’EcoAct s’est associé à l’entreprise ITERRae pour monter un projet d’aide aux populations locales : les Greniers du Sahel. Ces greniers sont de grands entrepôts de stockage, qui conservent les aliments grâce à un procédé innovant développé par ITERRae : le refroidissement radiatif, technologie propre, puisqu’elle ne produit aucun rejet de CO2 dans l’atmosphère.
Le refroidissement radiatif ou l'effet de serre inverse
La nuit, quand l’atmosphère est pure, les corps placés à la surface de la terre rayonnent vers les espaces planétaires qui ne leur envoient en échange que de très faibles rayons. C'est ainsi qu’ils se refroidissent au-dessous de la température ambiante, malgré l’influence modératrice de l’atmosphère. Ce phénomène est appelé l’effet de serre inverse. Cette technologie possède de nombreux avantages :
- Elle contribue à diminuer les émissions de gaz à effet de serre
- Elle n’utilise que des matériaux recyclés
- Elle contribue à la sécurité d’un approvisionnement en énergie
- Elle n’a recours à aucun autre approvisionnement énergétique que l’énergie que le grenier génère par lui-même. Le Grenier n’a besoin d’aucun raccord au système d’énergie centralisé.
Le projet contribue ainsi au déploiement d’une chaîne du froid limitant les pollutions environnementales.
Des bienfaits environnementaux, économiques et alimentaires
Les greniers sont construits avec des matériaux traditionnels : principalement en Banko (mélange homogène d’argile, de sable fin et d’éléments organiques), et impliquent la participation de la communauté locale pour la construction, la maintenance et le bon fonctionnement des greniers.
Les greniers ainsi construits auront un impact direct sur l’activité économique de la région et donc sur la réduction de la pauvreté, et assurera la sécurité alimentaire et un équilibre nutritionnel aux populations rurales. Le projet agira de façon à :
- Permettre la conservation des denrées périssables, encourager les producteurs à produire davantage et leur proposer des moyens de lutter efficacement contre la spéculation sauvage sur leur production.
- Soutenir les jeunes, qui seront moins contraints de déserter les campagnes à la recherche d’activités rémunératrices.
La construction du premier grenier à été amorcé au mois d’octobre, sur les bords du fleuve Niger, à 20 km au nord de Niamey. Près de 100 personnes participent à sa construction qui devrait s’achever fin janvier. Si ce grenier pilote porte ses fruits, d’autres seront ensuite progressivement déployés sur le territoire au cours de l’année 2009.
Cette dernière visite au Niger a été l’occasion de mesurer l’avancée des travaux et de rentrer en contact avec l’ensemble des acteurs de l’environnement au Niger afin d’identifier de nouveaux projets.
Le projet « Les greniers du Sahel » s’inscrit dans la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale, qui réaffirme «le droit de chaque être humain d'avoir accès à une nourriture saine et nutritive conformément au droit à une nourriture adéquate et au droit fondamental de chacun d'être à l'abri de la faim».
Pour en savoir plus, rendez vous sur la fiche projet des Greniers du Sahel en cliquant ici : http://www.eco-act.com/projet.php?id=28
Les commentaires récents